Des difficultés croissantes: Cependant, le succès de The Doors déstabilise profondément Jim Morrison, lequel sombre petit à petit dans l'alcool et la drogue (voir aussi, sur ce point, Jim Morrison). Les concerts des Doors deviennent de plus en plus chaotiques, en fonction de l'état d'ébriété de leur chanteur. Il n'est pas rare de le voir s'écrouler sur scène et insulter le public. Lors de certains concerts, Ray Manzarek est même contraint de chanter certaines chansons que Jim Morrison est incapable d'interprêter. Dès mars 1968, les autres membres du groupe se sentent obligés de placer Morrison sous surveillance et ils engagent à cet effet Bobby Neuwirth, lequel avait inspiré Bob Dylan pour sa chanson Like A Rolling Stone. Au printemps, The Doors enregistrent leur troisième album, Waiting For The Sun, mais les tensions s'avivent au sein du groupe et plusieurs disputes éclatent. En particulier, après de longues et âpres discussions, le groupe décide de supprimer une très longue chanson, The Celebration Of The Lizard, qui devait occuper une face entière de l'album, et de n'en conserver que la section centrale sous le titre Not To Touch The Earth.
Démotivé, en panne d'inspiration, Morrison renâcle de manière de plus en plus marquée : Robbie Krieger complète l'album avec trois titres de sa plume (Wintertime Love ; Spanish Caravan ; Yes, The River Knows). Finalement publié au début de juillet 1968, et malgré ces difficultés, l'album est reçu avec enthousiasme par la presse pendant l'été, en particulier grâce à la chanson pacifiste Unknown Soldier dont le dernier vers, « The war is over » (« La guerre est finie »), par sa simplicité même, se transforme rapidement en slogan politique des opposants à la guerre du Viêt Nam. Le magazine Crawdaddy décrit l'effet de la chanson sur le public de The Fillmore : « la foule des adolescents, libérant plusieurs mois de frustration, exulta en hurlant dans les allées : La guerre est finie ! The Doors ont arrêté la putain de guerre ! »
Ces remarquables performances scéniques, renouvelées tout au long de la tournée européenne entreprise par le groupe en septembre 1968, n'empêchent cependant pas Morrison de se détacher peu à peu du rock. Dès le mois de juin, à l'effroi des autres membres de The Doors (qui sont encore tenus contractuellement par Elektra pour trois albums), Morrison a annoncé son intention d'interrompre sa carrière de chanteur. En octobre, alors qu'il profite d'un repos à Londres, il fait la connaissance de Michael McClure, poète du mouvement « beat » proche de Jack Kerouac et de Ferlinghetti. Morrison semble alors s'orienter vers la poésie (voir sur ce point Jim Morrison).
Ces nouveaux choix professionnels se conjuguent avec le visionnage des rushes du concert donné par The Doors au Hollywood Bowl, à Los Angeles, le 5 juillet 1968. Jim Morrison, frappé par ces images, déclare : « voir une série d'événements que je croyais contrôler... Je me suis d'un seul coup rendu compte (...) que j'étais seulement la marionnette de nombreuses forces dont je n'avais qu'une vague notion ». Par la suite, il deviendra de plus en plus prudent dans ses « manipulations » du public.
The Soft Parade:Le désintérêt de Morrison pour le rock s'accroît encore au début de l'année 1969, lors de l'enregistrement du quatrième album, The Soft Parade : il n'écrit que quatre des neuf chansons du disque, les autres étant signées Krieger. Excédé par le vers « Tell all the people « Get your gun » » (dans la chanson Tell All The People de Krieger), Morrison s'indigne : « On ne peut pas conseiller aux gens de prendre leur flingue ! » Aussi exige-t-il que les auteurs des chansons soient identifiés sur la pochette de l'album (jusqu'à présent, toutes les chansons étaient signées The Doors sans autre précision). Enfin, la froideur de Morrison envers les autres membres du groupe vire à la colère lorsqu'il découvre que Krieger, Manzarek et Densmore ont accepté de vendre la mélodie de Light My Fire au constructeur automobile Buick en vue d'une publicité. La production de l'album l'éloigne énormément des recettes qui avaient fait le succès des albums précédents.
Le concert de Miami:Le 1er mars 1969, Jim arrive avec plus d'une heure de retard au concert prévu à Miami. De plus, le promoteur du concert avait vendu plus de places que la salle ne pouvait en accueillir ce qui allait forcément poser un problème de plus par la suite. Il a raté deux fois son avion : ivre mort, il ne parvient pas à chanter une seule chanson dans son intégralité, s'interrompant sans cesse pour digresser, plaisanter, traiter le public de « bunch of slaves » (« bandes d'esclaves »), de « bunch of idiots » (« bandes d'abrutis »). Il invective la foule : « How long are you gonna let it go on ? Lettin' people push you around ? How long d'ya think it's gonna last ? Maybe you like it, maybe you like being pushed around... Maybe you love it, maybe you love gettin' you face stuck in the shit... » (« Combien de temps allez-vous vous laisser faire ? Vous laissez les gens vous bousculer. Combien de temps cela va-t-il encore durer à votre avis ? Peut-être que vous aimez ça, peut-être que vous aimez qu'on vous bouscule... Peut-être même que vous adorez ça, que vous adorez qu'on vous mette la tête dans la merde... »). Un peu plus tard pendant le concert, Jim simule une fellation à Robbie Krieger, accroché à sa guitare.
Puis intervient l'incident fatal : reprenant un de ses « discours » bien rôdés pour manipuler le public, Morrison annonce : « Nous sommes là pour jouer de la musique, mais ça ne vous suffit pas, pas vrai ? Vous en voulez plus... Vous voulez quelque chose de plus... » Taquinant encore la foule, il finit par annoncer qu'il va se montrer nu. L'a-t-il fait ? La question reste ouverte. Une extrême confusion régnait à ce moment dans la salle de concert, et un doute subsiste quant à la probité des témoins de l'accusation. Morrison lui-même restait dans l'incertitude. Il déclarera plus tard qu'il ne se souvenait plus, qu'il était bien trop ivre pour se souvenir. Son sexe ne fut cependant pas montré au public comme l'ont affirmé la centaine de photographes présents.
Les réactions ne se font pas attendre : alors que The Doors profitent de trois jours de repos en Jamaïque, dès le 4 mars, les journaux conservateurs de Miami appellent à une « réaction contre l'obscénité ». Le 5, Jim Morrison est inculpé sous quatre chefs : « comportement indécent », « nudité publique », « outrage aux bonnes mœurs » et « ivresse publique ». Dans la foulée, les concerts à Jacksonville, à Dallas, à Pittsburgh, à Providence, à Philadelphie, à Cincinnati, à Cleveland, à Detroit, sont annulés. Il faut attendre le mois de juin pour que l'agitation se calme un peu, et que Chicago, puis Minneapolis, accueillent The Doors. Dans cette atmosphère tendue, la sortie de The Soft Parade, en juillet, passe presque inaperçue.
Le groupe n'en commence pas moins, courant septembre, à enregistrer un cinquième album. Le 9 novembre, comparaissant devant les juridictions de Floride, lors d'une audience préliminaire, Morrison décide de plaider non coupable. Le procès commencera en août 1970 et se soldera, le mois suivant, par la relaxe pour les chefs de « comportement indécent » et « d'ivresse sur la voie publique », mais assortie d'une condamnation à huit mois de prison et à une amende de cinq cents dollars pour les deux autres chefs d'accusation, dont il est reconnu coupable.
Entre-temps, le cinquième album, Morrison Hotel, paraît en février 1970, avec un groupe au mieux de sa forme. Militant pour les engagements typiques du mouvement hippie (Ship Of Fools traite de la dégradation de l'environnement), l'album renoue musicalement avec une tradition rock plus classique (Roadhouse Blues) traitant des thèmes comme l'amour (You Make Me Real ; Queen Of The Highway ; Blue Sunday ; Indian Summer), sans abandonner des compositions plus élaborées aux paroles portant le lyrisme caractérisitique de Morrison (Waiting For The Sun ; Land Ho!), ainsi que le sentiment de malaise qui dominait Strange Days (Peace Frog ; The Spy). Le disque reçoit des critiques extrêmement élogieuses, lesquelles n'hésitent pas à parler du « retour » de The Doors.
L'automne 1970, gâté par le procès de Jim Morrison, retarde les répétitions pour le sixième album, lesquelles ne commencent qu'en novembre. Le 8 décembre, le jour de son vingt-septième anniversaire, Jim se rend au studio et enregistre une lecture de certains de ses poèmes. Les 11 et 12 décembre, The Doors donnent leurs derniers concerts avec Jim Morrison à Dallas et à la Nouvelle-Orléans.
Début janvier 1971, The Doors enregistrent leur sixième album, LA Woman en dix jours seulement. Cette brièveté n'est pas sans rappeler l'enregistrement du premier disque. Ce dernier opus avec Morrison prend une tonalité beaucoup plus sombre (Cars Hiss By My Window ; Been Down So Long) et inspirée par le blues (LA Woman ; Riders On The Storm), malgré quelques morceaux purement rock (The Changeling ; Love Her Madly) et une composition où la musique éclaire l'un des meilleurs textes de Morrison, The W.A.S.P. (Texas Radio And The Big Beat). Une critique unanime salue le disque, souvent considéré comme le meilleur du groupe.
Pourtant, la décision de Jim apparaît désormais irrévocable : il choisit d'abandonner la carrière de chanteur rock, de réduire sa consommation d'alcool, et de se consacrer à la production de films tout en poursuivant son travail poétique, déjà solidement lancé par les encouragements de Michael McClure et par la publication en avril 1970, chez Simon & Schuster, d'un double recueil, The Lords and The New Creatures (voir Jim Morrison).
Pour accentuer cette rupture, Morrison quitte les États-Unis en compagnie de sa compagne de toujours, Pamela Courson, et s'installe à Paris le 5 mars 1971. Les autres membres du groupe prennent quelques vacances et évoquent la possibilité d'un septième album. Le 5 juillet, pourtant, une rumeur court à Los Angeles selon laquelle Jim serait décédé. Dépêché sur place dès le 6, Bill Siddons, le manager de The Doors ne peut que confirmer : Jim Morrison est mort dans la nuit du 2 au 3 juillet. Sam Bernett, directeur de la boîte de nuit du Rock and Roll Circus raconte (dans The end - Jim Morrison, éd. Privé, 2007) comment il découvrit Jim mort d'overdose dans les toilettes de son établissement avant qu'on ne transporte le corps dans la baignoire de l'appartement où il fut officiellement trouvé par Pamela Courson. Il est enterré - sans autopsie - le 7 juillet, au Cimetière du Père-Lachaise, à Paris.
The Doors après la mort de Jim Morrison:Jim : un souvenir impérissable dans le neighbourhood de Venice Beach, où Ray avait sa maison donnant sur l'océan
La mort de Jim Morrison intervient dans un climat politique difficile aux États-Unis. L'opposition à Richard Nixon et à la guerre du Viêt Nam grandit, et plusieurs rock-stars (Jimi Hendrix, Janis Joplin) sont mortes elles aussi d'overdoses, tandis que les deux leaders du mouvement afro-américain, Malcolm X et Martin Luther King ont été assassinés.
Il semblait inévitable que ce décès prématuré, ces obsèques précipitées sans même une autopsie pour déterminer les causes de la mort, dans un pays étranger de surcroît, provoquât des rumeurs et de nombreuses interrogations. Plusieurs thèses s'affrontent. Certains, peut-être avaient-ils raison, prétendent que le FBI avait une « liste noire » de personnalités charismatiques « dangereuses », pour ne pas dire « à abattre », et que Jim Morrison figurait sur cette liste. D'autres encore prétendent que Morrison aurait en fait orchestré un « décès fictif » destiné à couvrir sa fuite, et qu'il serait toujours vivant.
L'hypothèse d'un simple arrêt du cœur à la suite d'une vie d'excès (Morrison se vantait d'avoir pris deux cents fois de l'acide) paraît encore la plus vraisemblable : il reste néanmoins que cette mort mystérieuse, à un âge si peu avancé, dans le pays même qui vit naître Baudelaire et Rimbaud, ne pouvait qu'ajouter à la légende de Jim Morrison et contribuer à lui offrir une aura de « poète maudit » que plus rien ne pourra contredire aujourd'hui puisque le seul témoin direct, Pamela Courson, est décédée d'une overdose d'héroïne en 1974.
Les membres restants tentèrent malgré tout de faire survivre le groupe mais deux albums boudés par le public, Other Voices (1971) et Full Circle (1972), poussent le groupe à l'éclatement. Il se reforme brièvement en 1978 pour composer des morceaux qui serviront de support mélodique aux enregistrements de poèmes réalisés par Morrison le 8 décembre 1970, et publiés en disque sous le titre An American Prayer. L'intérêt pour The Doors fut ensuite relancé par Oliver Stone qui consacra, en 1991, son film The Doors au parcours du groupe, en s'inspirant de la biographie de Jim Morrison écrite en 1980 par Jerry Hopkins et Danny Sugerman, No One Here Gets Out Alive (Personne ne sortira d'ici vivant).
À la fin de 2002, Manzarek et Krieger ont ressuscité The Doors en recrutant Ian Astbury du groupe The Cult au chant, le batteur Ty Dennis et le bassiste Angelo Barbera, ces deux derniers faisant partie du Robby Krieger Band. En 2005, le groupe se renomme du titre d'une de leur plus célèbre chanson, Riders On The Storm, suite à des problèmes de droits avec les héritiers Morrison et John Densmore.
Discographie générale:Icône de détail Article détaillé : Discographie des Doors.
Albums studio: * 1967 : The Doors
* 1967 : Strange Days
* 1968 : Waiting For The Sun
* 1969 : The Soft Parade
* 1970 : Morrison Hotel
* 1971 : L.A. Woman
Mort du chanteur Jim Morrison
* 1971 : Other Voices
* 1972 : Full Circle
* 1978 : An American Prayer: Jim Morrison
Compilations: * 1970 : 13
* 1972 : Weird Scenes Inside The Gold Mine
* 1973 : The Best Of The Doors
* 1980 : Greatest Hits
* 1985 : Classics
* 1985 : The Best Of The Doors
* 1991 : BO du film The Doors
* 1996 : Greatest Hits (CD-Rom)
* 1997 : Box Set
* 1999 : The Complete Studio Recordings
* 2000 : The Bright Midnight Sampler
* 2000 : The Best Of The Doors (Simple & Double)
* 2003 : Legacy: The Absolute Best
* 2003 : The Complete Studio Recordings
* 2006 : The doors perception
* 2007 : The Very Best Of The Doors
* 2008 : The Future Starts Here: The Essential Doors Hits
* 2008 : The Doors The Platinum Collection
![The Doors Jimmorrison](https://2img.net/h/themusicsover.files.wordpress.com/2008/07/jimmorrison.jpg)
R.I.P JIM MORRISON